il aurait trouvé place dans la remise, je me serais mise à décrocher des contrats et faire ma petite pelote pour payer les travaux, l'aménagement, j'avais rêvé d'un atelier très fort et puis on m'a cassé ma boussole interne, alors les rêves... s'éffritent comme un mirage, une nuée de sable emportée par le vent du désert.
Un jour, on se réveille, on regarde l'ampleur des dégâts, les gens qui sont partis, les promesses qui se sont envolées et on se dit faut tout recommencer... Si c'était si simple... La vie ne veut pas toujours les choses une seconde fois.
Cet atelier devait s'appeler : les ateliers du kiwi bleu, j'avais fait des kilomètres de dessin au brouillon pour maitriser l'animal qu'aujourd'hui, je ne sais plus croquer. Il me reste les cernés de noir que je regarde admirative. Je ne sais plus faire, c'est étrange, mais c'est comme ça. Je pensais réutiliser ce nom, Fred m'avait offert le nom de domaine à l'époque, mais ma foi, renaitre de ses cendres, ça laisse un gout dans la bouche, mi amer, mi fier, un goût que je n'ai pas envie d'avoir.
J'ai longtemps été amoureuse du papier, il ne me l'a pas très bien rendu, faut avouer. Ces temps-ci, je trouvais étrange de tomber amoureuse d'une autre matière, je suis du genre fidèle, voyez-vous, du genre à commencer à bâtir avec l'idée de toute la vie en tête. L'idée de fin ne m'est pas naturelle. Hormis pour la dernière fin avec laquelle je suis plutôt à l'aise, car vraiment je crois qu'il faut garder à l'esprit que l'on est que de passage, absolument pas éternel, qu'il n'y a rien après et que si on veut le bonheur et le paradis, c'est ici qu'on doit le trouver, mieux même, le fabriquer, ici maintenant ou nulle part et jamais.
Si l'enfer est sur terre, c'est sur terre qu'il faut chercher le paradis cqfd. Si l'homme est capable de bâtir l'enfer pour lui et les autres, il peut aussi construire le paradis pour lui et les autres, tout le reste c'est de la religion, ça ne m'intéresse guère.
Ne se laisser enfermer dans l'enfer de personne et croire que l'on porte en soi les germes d'un paradis.... Cultiver son jardin tout en faisant gaffe à ce qu'on laisse pousser et qui on laisse y pénétrer. A la fin de l'été, le voisin (qui ne vit pas là) a mis du désherbant sur son jardin en débordant par delà la clôture, qu'il n'aime pas les adventices soit (je ne suis pas d'accord mais passe encore), qu'il considère que les nôtres soient mauvaises, ça c'est une autre affaire !!
Tout ça pour dire que je ne vais pas utiliser les ateliers du kiwi bleu comme nom, ben dis donc pourquoi faire court quand on peut faire si long ? ;-D