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samedi 8 décembre 2012

Matière et souvenir

Ce matin, j'ai lavé trois poignées de laine encore un peu grasse et odorante, toutes mes toisons naturelles ont cette odeur, un peu moins forte que celle du mouton encore sur pattes mais encore là toutefois. La sensation de suif sous les doigts disparait dans l'eau froide savonneuse. C'est la laine propre et douce qui m'a ramené le souvenir des soirs de très hiver. En plus de l’édredon de plumes et des multiples couvertures, je me couchais alors sous une peau de mouton qui trônait sinon, devant la cheminée de la salle à manger. Il ne tardait pas à faire bien chaud sous les draps, enfin le soir. Le matin, c'était toujours humide et froid, ben oui, je pissais au lit, c'est comme ça (oh, j'aurais pu écrire que je souffrais d'énurésie mais ça ne change ni le résultat, ni l'odeur, ni la honte, n'est-ce pas ?) et j'ai mouillé le matelas jusqu'à mes treize, presque quatorze ans. C'est curieux parfois, ce qu'une matière venue de l'autre bout de la France ramène comme souvenir de l'autre bout de l'enfance !!

A l'école, on m'appelait parfois pue la pisse. Sont gentils, mimis, les mioches, n'est-ce pas ? Ah, et les adultes qui rattrapent et réparent tout : je me souviens aussi avoir été mise à sécher devant la porte d'entrée, à la maternelle, j'avais cinq ans, je tenais une pancarte expliquant que j'avais mouillé ma culotte... Je ne savais pas lire encore, mais on y pense pas à ça, à cet âge là, on sait qu'on a pas pu s'empêcher de faire un truc qu'on aurait pas dû faire... Comme ci je l'avais fait exprès ! La pédagogie par la honte ! Tout un programme... Oh, n'allez pas croire que je sois triste au réveil de ce souvenir, je note que j'ai grandi au point de me fiche d'avoir été honteuse et peu fière jadis, alors que si ça n'avait tenu qu'à ma volonté, pour m'éviter bien des misères, j'aurais évité de souiller mes draps et mes vêtements, forcément.

Voilà passé vingt ans que je contrôle ma vessie, dites donc, qui n'est toujours pas une lanterne ;-D Ah !! L'oreiller joufflu de l'enfance si cher à Proust qu'il en est nostalgique et voudrais le retrouver, ben, de mon côté, je suis bien contente d'avoir 37 piges, c'est moi qui vous le dis !! Et j'irais jamais chercher le temps perdu, je cours lentement vers celui que je trouve ;-D

Un joli et joyeux week-end à tous. Je retourne à la matière noble et paysanne qu'est la laine.

14 commentaires:


  1. Comme tu le dis : "C'est curieux parfois, ce qu'une matière venue de l'autre bout de la France ramène comme souvenir de l'autre bout de l'enfance !!"
    AH,comme les souvenirs enfouis en soi peuvent rejaillir tout soudain !!!
    Et cette pédagogie par la honte !!! Mais quelle nullité !!!
    Il me souvient d'une punition semblable que j'ai reçue ! Mon cahier attaché dans le dos il fallait que je marche dans la cour de récréation pour que tout le monde voit ma honte ! J'avais dû avoir une mauvaise note, je ne sais plus exactement la cause !!! Mais la honte ça on s'en rappelle !!!
    Dans ton cas on comprend fort bien que tu ne veuilles pas courir après "le temps perdu" !!! Le temps que tu trouves te tend les bras pour t'accueillir ! C'est vers celui-là que te mènent joliment tes pas !
    Beau week end tout en laine !!! ♥ ♥ ♥

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    1. Oui, curieuse mémoire qui fait des miettes... La honte est bien difficile à soigner, et je ne comprends pas bien pourquoi on essaye jamais la douceur, mais bon. Nulle en effet !!
      Aller de l'avant c'est chouette, un avenir espéré et désiré vers lequel se tourner aussi. Je ne suis presque jamais nostalgique, chaque revers de médaille à son endroit ;-D La laine lavée ourle les radiateurs comme j'ai commencé par la blanche, on dirait que j'ai rentré de la neige (avant qu'elle ne fonde) pour la mettre à sécher !!

      Très joli weekend aussi ma toute chère MAP !!

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  2. J'imagine tout à fait l'odeur de ta laine ! Quand je vais chez ma belle-famille (en Algérie), les peaux de moutons sont entreposées dans une piéce du sous-sol, dès qu'on ouvre la porte l'odeur de la laine vient nous chatouiller les narines ;) que de souvenirs en y pensant !!
    Bon week-end Sandrine.

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    1. Oh, l'odeur fini par partir au lavage... Oui que de souvenirs en effet, un très beau week-end ma chère Brigou !!

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  3. Voilà qu'à mon tour remonte un souvenir. J'avais taillé dans une peau de mouton une barbe de Père Noël pour amuser les enfants et le goût du sel sur ma lèvre remonte.
    C'était l'année ou Le Père Noël portait une pèlerine bleue, c'est aisé de s'en souvenir.
    Bêêêê oui quoi !

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    1. ;-D La laine serait est donc une matière réveille souvenir... Ah, l'année de la pèlerine bleue... Je ne me souviens plus, c'est celle avant ou celle après l'année pèlerine verte ?

      Bêêêê content donc !!

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  4. Je préfère ne pas parler de ces gens de ton enfance. Quelle idiotie méchante!
    Alors, l'odeur typique de cette chose toute douce, ça me rappelle ma toute petite enfance... maman allait laver la laine dans un petit ruisseau avant de la carder puis confectionner une "courte pointe" (genre de couette fourrée avec de la laine de mouton...) C'était tout doux et tout chaud...
    J'ai lu les billets d'hier et d'avant (je suis occupée à rénover ma salle de bains et à tricoter un petit pull pour la poupée de Louise) et j'ai vu ton beau petit col... Bravo!

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  5. Oui, douce et chaude lorsqu'elle est débarrassée de son suint... Une courte pointe... Tiens voilà une façon de recycler la laine de mon producteur si jamais je n'arrive pas à la rendre bien peignée, je suis en train de recarder celle que j'ai lavée mais j'ai un doute quand au résultat pour le feutrage... C'est dommage, j'aurais préféré choisir parmi mes fournisseurs le plus petit producteur, mais bon... J'essayerai le lavage des nappes à plat au printemps dehors, je vais tester les autres laines, beaucoup plus jolies, cet hiver donc !!

    Merci pour le petit col, le prochain sera peut-être en jersey, mais je m'entraine encore au brouillon ;-D

    Beau courage pour les travaux et bon amusement pour le tricot !!

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  6. Laisse-toi entourer chaudement par la laine et ses jolies couleurs. L'avenir est à la douceur :-*

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    1. ... qui vivra verra... mais j'attends pieds fermes coeur et mains tendre la douceur à venir ;-*

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  7. J'aime beaucoup la réponse de Fred et je crois qu'il a raison. Laissons les affres du passé où ils doivent rester : dans le passé.

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    1. Moi aussi, j'aime bien la réponse de petit homme ;-D Oui, je sais, le passé fera encore des miettes je pense, l'essentiel étant qu'elles ne m'empêchent pas d'aller de l'avant et de profiter du présent. Je ne choisis jamais de faire renaitre le passé, je en suis pas maso, mais parfois il s'impose à moi et l'exprimer me permet d'avoir de la consolation des gens qui m'aiment et que j'aime, ce qui m'aide à laisser le passé au passé ;-)

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  8. J'ai appris à dégraisser la laine à l'école primaire, alors que les moutons étaient sur le point de disparaître de mon patelin.
    Allez, un petit billet sur l'odeur de la laine :
    http://presquentrenous.canalblog.com/archives/2010/01/19/16577447.html

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    1. Je n'ai jamais appris à dégraisser la laine, juste vu les tontes, on portait la laine, je ne me souviens plus où et puis à la fin la laine était brûlée sur un feu de camp, tant son prix était dérisoire... Mais nous c'était plutôt les vaches, les moutons n'étaient pas très couleur locale, en réalité.

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